Depuis mars, on ne peut malheureusement pas dire qu’on ne sait pas ce que s’ennuyer veut dire ! À force de rester chez soi, d’être privés de choses ci-et-là, et d’avoir pris de l’avance à la maison… aujourd’hui, on a peur de s’ennuyer et on ne sait plus comment s’occuper. Pourtant s’ennuyer, c’est bon pour la santé ! Bon ok, si ça ne fait pas partir un virus dommage, parce qu’on serait déjà sorti de l’auberge), ça a le mérite d’avoir d’excellentes vertus : on en parle ?
S’ennuyer va souvent de pair avec la perte de temps. D’ailleurs, on leur prête tellement de citations et d’expressions négatives, que perdre du temps devient angoissant pour la plupart des gens. « Avoir le temps long », « C’est une perte de temps », « Temps mort », « Le temps, c’est de l’argent »… Laisser du temps inoccupé et oser s’ennuyer sont des choses qu’il nous est presque impossible de s’octroyer. Avouez que l’expression « S’ennuyer comme un rat mort » ne donne pas envie de « mourir d’ennui ». C’est parce que cela fait référence au délaissement et à l’abandon, qu’on ne veut pas laisser l’ennui s’installer. Pourtant, le temps fait naître des occasions et confirme les bons conseils. Et si on essayait de s’ennuyer intelligemment ?
S’il y a un temps pour tout, Voltaire vous dirait que « le temps adoucit tout »… à condition de le laisser faire. Eh bien, c’est ce que l’on vous suggère. Lorsque l’on ose se poser, s’arrêter, et observer, on laisse d’abord place à un certain malaise. On se met à gigoter, à regarder l’heure, à chipoter sur son portable ou bien à penser à la longue liste de choses qu’il nous reste à faire, comme si on avait un besoin pressant de se remettre en action. Quand on y pense, c’est incroyable la pression que l’on se met ! Perdre du temps semble être quelque chose de si terrible alors qu’en réalité, c’est prendre le temps d’ouvrir les portes aux possibilités.
Offrir à son esprit un champ libre pour penser, équivaut à lui laisser une page blanche sur laquelle il serait seul à dessiner. Quand on arrive à lâcher prise, à poser ses angoisses sur le côté, à éteindre son portable et à détacher son regard de sa montre, notre esprit devient plus léger et vagabonde de créations en imaginations, d’idées lumineuses en douces rêveries… Parce que OUI, s’ennuyer recharge aussi nos batteries !
Tout d’abord, il faut apprendre à s’ennuyer « convenablement ». Si l’on cherche toujours à combler le temps pour effacer cette sensation de malaise ou de mal-être, on est loin d’y arriver. Notre cerveau a besoin de ce « mode sans échec », de pouvoir redémarrer sans que l’on n’ait rien à lui demander, à programmer ou à encoder, sous peine de le faire surchauffer ou pire… exploser (au sens figuré bien entendu) !
Voici quelques astuces pour dompter cet ennui afin d’en tirer tous les bénéfices possibles.
- Ne vous jetez pas sur les réseaux sociaux, un jeu, un bouquin ou même un film. Apprenez à vous poser près de la fenêtre, avec une bonne tasse de thé, en regardant la nature et la vie au-dehors pendant quelques instants. S’ennuyer, c’est aussi se poser les yeux fermés, sans musique, pour rester seul avec ses pensées, car c’est là que la créativité naît.
- À force de cogiter, de rechercher, vous pensez offrir de l’inspiration à votre cerveau, alors qu’en fait, en lui prémâchant le travail, vous l’empêcherez de créer ses propres idées. Partez vous aérer sur un chemin que vous connaissez vraiment, dans les bois par exemple. Marchez « machinalement » en observant ce qui vous entoure, car c’est là que votre subconscient va puiser dans vos ressources pour rapporter à votre conscient les meilleures idées qu’il aura trouvées (en bon résumé).
- Le soir, on se déconnecte, on éteint ses écrans au moins une heure avant le coucher pour laisser à notre cerveau le temps de se placer en mode veille, étape primordiale au repos. Si cela vous exaspère, c’est que quelque chose vous trotte en tête. Dites-vous que la solution à ce problème viendra probablement d’elle-même, à condition de la ranger dans un coin de votre cerveau et d’aller vous reposer. Quand on dort, notre esprit vaque librement à ses occupations, à son imagination et peut donc trouver plus facilement la solution ! C’est d’ailleurs pour cela que l’on dit que la nuit porte conseil…
- C’est normal d’être fatigué à force de ne rien faire ! C’est comme si vous étiez une toupie qu’on ne cessait de relancer, alors qu’elle ne demande qu’une chose… c’est de s’arrêter pour pouvoir reprendre des forces et tourner d’elle-même avec énergie et vivacité, sans que personne ne lui donne un coup de force pour continuer à tourner et puiser dans le peu d’énergie qu’il lui reste…
J’ignore si cette métaphore vous parle, mais je trouve qu’elle est jolie à imaginer ! Autorisez-vous à vous poser, et apprivoisez l’ennui comme une possibilité de faire le plein d’énergie loin de toute pression, de toute angoisse ou du poids de la journée. Vous serez plus détendu, plus serein et… plus productif ! Eh oui, vous avez bien lu ! Si cela vous semble paradoxal, repensez au fait que plus on s’ennuie et plus on va développer l’envie de s’occuper, de s’attaquer à des projets que l’on avait mis de côté. Quand on s’ennuie, on a tout le temps de se poser, de solutionner et de prioriser notre mode de fonctionner, pour accomplir cette tâche sans trop de difficultés.
Si vous ne connaissiez pas les 8 lois du temps, vous allez découvrir tout ce que vous pouvez mettre en place pour ne pas vous laisser dépasser et profiter plus agréablement du temps qui passe…
- La loi de Parkinson qui nous impose de nous fixer des délais réalistes pour ne pas être débordé.
- La loi de Carlson qui nous suggère de regrouper les tâches d’une même nature pour gagner plus de temps et d’énergie.
- La loi de Douglas qui nous rappelle d’avoir près de soi ce qui sert le plus pour ne pas étaler nos affaires et s’y perdre. Optez donc pour le « clean desk ».
- La loi de Murphy qui est un peu la loi des séries, de l’emmerdement. Quand une chose doit mal tourner, elle tournera mal. Donc moins vous sauvegarderez vos données, plus vous aurez de chances de les perdre.
- La loi de Illich nous dit d’accepter nos limites et de poser notre attention par cycle de 90 minutes maximum avant de s’aérer l’esprit.
- La loi de Laborit vous suggère de commencer votre journée par ce qui est le plus difficile et de toujours terminer la journée en beauté, avec ce qui vous plaît.
- Le principe de Pareto vous rappelle de vous concentrer sur l’essentiel ! Hiérarchiser les priorités, savoir dire non et déléguer !
- La loi de Hofstadter qui vous met en garde sur le fait que les choses prennent toujours plus de temps que prévu. Octroyez donc davantage de temps à une tâche afin d’éviter les imprévus.
Ne cherchez plus à rentabiliser l’ennui. Prenez le temps de vous aimer, de vous octroyer la possibilité de mettre les choses sur pause, sans pour autant que le ciel ne vous tombe sur la tête. Fermez les yeux, inspirez profondément, expirez et prenez conscience de votre corps, de ce moment suspendu qui vous permettra d’apprécier et déconnecter ce qui doit l’être dans un lâcher-prise apaisant…
Marielle Botty – STRATAG’M