Gérer la douleur, la peur, diminuer le stress, améliorer la confiance en soi ou encore modifier la perception des traumatismes du passé… voilà un vaste domaine que couvre l’hypnothérapie. Loin du cliché du spectacle, nous avons voulu tester la version thérapeutique bienveillante de l’hypnose dite «conversationnelle». En route pour un voyage au plus profond du subconscient afin de découvrir les bienfaits de cette thérapie hors du commun.
Avant de commencer l’hypnose, j’avais ce cliché, cette peur que l’on me fasse dire ou faire des choses que je ne veux pas ! À force de voir ces émissions télé où l’on perd sa complète dignité pour amuser la galerie, je ne voulais pas avoir la sensation d’être manipulée ou qu’on lise dans mes pensées. Au final, rien de tout cela ! Je l’ignorai, mais nous avons notre propre système de sécurité: la partie consciente de notre esprit conserve ses propres barrières et veille au grain pendant la détente. Il est donc impossible de vous lobotomiser, de faire de vous un braqueur de banque ou même d’avoir accès à vos plus lointains secrets ! … OUF
Les croyances de chacun sont aussi différentes que nous le sommes. Cependant, une chose est sûre : si vous ne voulez pas arrêter de fumer, inutile de faire de l’hypnose pour y arriver, cela ne marchera pas ! Avant toute chose, il faut un minimum de motivation et de volonté (on ne peut pas tout faire à votre place quand même).
S’il est vrai que certains sont plus réceptifs que d’autres, on ne peut pas forcer personne à partir en état d’hypnose si elle s’y refuse. Il faudra donc jouer le jeu et accepter de se laisser aller à un état de conscience modifiée pour pouvoir se relaxer et tenter l’aventure ! Pas évident hein ? Pourtant, quand on sait que l’hypnose est l’un des traitements les plus efficaces et les plus économiques (en termes de temps et d’argent) pour traiter grand nombre de souffrances, ça donne envie d’essayer non?!
Assez méconnue du grand public, cette forme d’hypnose indirecte fait partie des thérapies brèves. Tout en douceur et en pleine collaboration par le biais d’une conversation, le patient est invité à prendre une part active dans le processus de sa guérison. L’hypnose conversationnelle permet de travailler les traumas simples et complexes, de modifier subtilement l’inconscient et les émotions envahissantes d’une personne, sans qu’elle ne s’en rende compte. En d’autres termes, on peut donc venir à bout de vos phobies, des douleurs, des chocs psycho traumatiques, des insomnies, du burn-out… tout comme on peut vous redonner confiance, vous apporter plus d’assurance, vous préparer à une intervention chirurgicale…
Définir ce que l’on veut travailler
Personnellement, j’ai choisi de faire cette expérience avec une thérapeute reconnue en région liégeoise, à la voix douce et rassurante : Pauline Champagne, située à l’espace Corolle de Louveignée. Après un petit tour d’horizon sur ce qui m’amène ici, on souligne certains points que l’on veut travailler comme : le traumatisme d’un grave accident de voiture qui impacte ma conduite 20 ans plus tard ! Un bon point de départ, non ?
Rentrer en état de conscience modifiée
Je m’installe et me laisse guider par une voix calme qui m’invite à observer tous les détails de ce qui m’entoure (un tableau, les nuances de gris sur le mur, les moindres traits d’une peinture…), puis, tout en fermant les yeux, elle me demande de me concentrer sur les bruits extérieurs avant de plonger mon attention sur les parties de mon corps qui sont en contact avec la chaise longue dans laquelle je suis confortablement installée. Vient ensuite le moment d’aller encore plus loin, de me concentrer un peu plus sur mes bruits intérieurs comme, ma respiration ou les battements de mon cœur.
Explorer le subconscient
À cet instant, c’est sûr… je suis très détendue et consciente de ce qui se passe! À partir de là, débute une conversation que l’on me demande spontanée. Autrement dit, dire ce qui me passe par la tête, sans analyser le contenu, les couleurs ou les mots que je pourrais dire. Je vous avoue que parfois tout me semblait décousu, incohérent et même marrant, mais pour elle tout à un sens, je continue. Je reste donc active et participative tout au long de la séance, sachant que je possède la « télécommande » pour arrêter à tout instant (c’est sécurisant).
Au final je n’en ai nullement eu besoin. Je ne suis pas partie revivre la scène traumatique de cet accident comme je l’avais pensé avant de commencer. Je ne suis pas tombée endormie et je n’ai pas non plus des moments d’amnésies profondes. J’ai certes ressenti des émotions stressantes qu’elle m’a aidé à « désactiver » grâce à cet état d’hypnose conversationnel. À tout moment, je suis libre de refuser ou de modifier les propositions qui me sont faites, et je me raccroche à la voix posée de Pauline qui me guide et m’aide à modifier ce qui provoque de la souffrance ou un blocage. Calme et posée, la séance se termine et on m’invite à ouvrir les yeux dès le décompte terminé.
Comprendre ce qui vient de se passer
Ai-je tout oublié? Non! Je sais exactement ce dont on a parlé, on débriefe même ensemble, car il y a des choses qu’on n’arrive pas à s’expliquer personnellement. Après c’est un peu comme vouloir expliquer un rêve que l’on vient de faire… on ne se souvient pas toujours de tout.
Mes peurs sont-elles parties ? Clairement non, et pas en une fois. Mais on sent que des choses font route comme on dit et j’ai bien envie de continuer pour voir où cela me mène…
Avant de quitter la pièce, une détente et une grande fatigue se font ressentir, autant vous dire que faire ça sur son heure de table n’est clairement pas conseiller à moins d’avoir la clé pour rester motivée.
Voici un petit florilège des situations pour lesquelles l’hypnose conversationnelle peut être un outil adapté:
- Les blocages émotionnels, le stress, les difficultés face aux changements.
- Les évènements douloureux de vie : deuil, maladie, accident, fausse couche…
- Le burn-out, le bore-out, l’épuisement, le harcèlement, le licenciement.
- Les chocs psycho traumatiques: maltraitances, harcèlement, agressions, viols, abus.
- La préparation mentale aux hospitalisations, aux interventions, aux traitements.
- L’acceptation de son image.
- L’accompagnement dans la durée vers l’amincissement (programme spécifique).
Pour un trauma, il faudra compter entre 5 et 10 séances, mais si vous avez des multi traumas, alors ce sera du sur mesure et selon l’évolution et votre désir d’aller plus loin.
Malheureusement, l’hypnothérapie, bien qu’elle soit utilisée de plus en plus fréquemment dans les salles d’opération, n’est pas encore reconnue et remboursée par la mutuelle. Il faudra donc compter 50 € pour 1 h tous les 15 jours en moyenne, jusqu’à la fin du « traitement ».
Pour évaluer plus concrètement les résultats, Pauline Champagne utilise une grille avec des comportements symptomatiques qui sont évalués lors de la première séance puis qu’elle réévalue régulièrement afin de voir l’évolution et les changements face au même comportement. Autrement dit, vous n’avancez pas dans le vide ou dans le flou artistique. La thérapie est certes sur mesure, mais bien cadrée. Le plus important c’est de se sentir en confiance et bien avec son hypnothérapeute.
La réponse est oui ! Bien que je fasse partie des sceptiques, il s’avère que si mes peurs n’ont pas disparu aujourd’hui, elles ont, en tous les cas, diminué en intensité ! Le truc de dingue, c’est que malgré le fait que nous n’avons jamais parlé de mon arachnophobie exacerbée, elle s’est vue modifiée ! Alors que je serai restée tétanisée des heures sur mon canapé à fixer cette araignée velue qui me tenait en otage par son simple arrêt devant moi… aujourd’hui (bien que je n’aille pas lui serrer une patte [beurk]) et malgré la peur encore présente, je suis capable de les écrabouiller férocement lol! Comme quoi, y a de l’évolution…
En résumé, je pense que l’on a tous une phobie qui nous tétanise, une peur, une douleur, un traitement, un mal-être ou un vécu qui nous mène la vie dure avec le temps. Pourquoi trainer ses casseroles inutilement si la solution est de parler dans un cadre professionnel en étant « posé » ? À condition d’être motivé à vous débarrasser de ces émotions qui vous gênent, vous n’avez rien à perdre à essayer d’aller mieux. Après tout, qu’est-ce qu’une petite poignée d’heures contre un soulagement de la douleur ? Je vous laisse cogiter…
Marielle Botty – STRATAG’M