On dit qu’elles sont un accélérateur de prise de conscience et notre mémoire familiale nous influence bien plus qu’on ne le croit. Qui sont-elles ? A quoi servent-elles et quel(s) impact(s) peuvent-elles avoir sur nos vies ? Zoom sur ces constellations qui naissent non dans les étoiles, mais dans notre ADN familial.
Normal, cette mini-série turque a fait un carton sur Netflix, d’ailleurs, les abonnés de la plateforme attendant avec grande impatience une (probable) suite aux aventures de ces trois amies inséparables que sont Ada, Sevgi et Leyla. Et si la série doit indéniablement une partie de son succès à ses héroïnes, épatantes, le sujet qu’elle aborde sans toutefois jamais le nommer joue lui aussi un rôle prépondérant : les constellations familiales. Le point sur cette forme de thérapie brève, qui permet notamment de résoudre des conflits intérieurs ou familiaux.
Précisons-le d’emblée : la constellation familiale est une thérapie systémique non scientifique, perçue par certains comme étant ésotérique, et donc sujette à controverses. Créée dans les années 90 par le psychothérapeute allemand Bert Hellinger, elle a, à l’époque, entraîné une déferlante de critiques, d’aucun jugeant la méthode peu “orthodoxe”, voire sectaire… Or, cette thérapie a été depuis éprouvée et démontrée par des études on ne peut plus sérieuses, notamment dans le cadre de ce que l’on appelle le traumatisme transgénérationnel; on a par exemple découvert que des descendants de survivants de l’Holocauste présentaient des symptômes de troubles de stress post-traumatique alors qu’ils n’avaient jamais vécu eux-mêmes ce traumatisme ! Dingue non ?
Donc, si des choses difficiles ont été vécues par les générations avant nous, notre inconscient s’en imprègne, les garde en nous et impacte notre vie en fonction de ces traumas. On répéterait ainsi en permanence, et sans s’en rendre compte, des schémas familiaux pas toujours faciles à porter. Nos comportements, malaises, ou même nos maladies seraient des reflets de conflits non réglés dans les générations précédentes… Pourquoi le nom “constellation” ? Le fondateur de la méthode, Bert Hellinger donc (1925-2019), a vécu pendant 18 ans en Afrique avec la tribu des Zulus, littéralement “le peuple des étoiles”. En observant la manière dont cette communauté gérait et résolvait ses problèmes et conflits, il s’est rendu compte que le groupe était toujours vu comme un grand système, chacun y jouant son propre rôle, y tenant sa propre place. Et une place, tous les ancêtres, même morts, conservaient la leur en étant considérés comme des membres tou- jours actifs. Un peu comme les constellations présentes dans le ciel, où les étoiles éteintes font toujours partie d’un tout.
Cette thérapie psychogénéalogique permet de mieux comprendre les nœuds relationnels qui se sont formés dans nos systèmes afin de les dénouer. Ainsi, on se détache peu à peu des fardeaux familiaux que l’on porte sur nos épaules (alors qu’ils ne nous appartiennent pas) et qui ont une influence négative sur notre quotidien des années voir des siècles plus tard ! Certaines personnes font aussi des constellations pour briser un cycle répétitif et protéger leurs enfants de certaines dynamiques familiales. Concrètement, elle a pour but de se débarrasser de sa timidité, de ses angoisses, ses difficultés relationnelles, ou encore des peurs irrationnelles venant de nos ancêtres, ou de comprendre des secrets de famille.
À l’origine, les constellations familiales s’effectuent en groupe, comme dans un jeu de rôle mettant en scène l’histoire familiale du “constellé”. Celui-ci choisit parmi des volontaires, des “représentants”, qui incarneront les différents membres de sa famille. Le terme original allemand “Familieaufstellung” signifie “placer la famille dans l ’espace”, l’idée étant de disposer métaphoriquement sa famille dans l’espace afin de la visualiser plus facilement, puis d ’y remettre de l’ordre. Les représentants vont alors commencer à ressentir certaines choses (douleurs, oppression…). Ces sensations refléteront l’état d’esprit de l’ancêtre concerné et permettront de mieux comprendre ce qui se joue. Sachez que vous pouvez très bien réaliser cela en séance individuelle, lors de laquelle le thérapeute vous demandera, en plus de la raison de votre venue, de lui parler de votre arbre généalogique, de citer les événements marquants de l’histoire de votre famille que vous connaissez (ici, les “volontaires” des séances de groupe sont remplacés par des poupées). Cela permet au thérapeute d’avoir une vision plus large de ce qui peut jouer dans le problème pour lequel on vient le voir impasse professionnelle, choix à faire, blocages personnels, maladie, incapacité à trouver l’amour, fausses couches à répétition, etc. En moyenne, une séance dure entre une et deux heures.
Pour être tout à fait honnêtes, nous n’avons pas (encore) essayé personnellement… mais cela ne saurait tarder! Disons que c’est intrigant et que les nombreux témoignages que nous avons lus en écrivant cet article avaient l’air très convaincants, évoquant des résultats “rapides et concrets”. Mais attention comme pour tout la méfiance reste de rigueur, certaines dérives ayant pu être constatées. Retenez que la thérapie est censée être courte, donc méfiez-vous si le thérapeute préconise de revenir plusieurs fois, idem si vous vous sentez mal (culpabilité, déprime) en sortant d ’une séance… Ce n’est évidemment pas le but !
PAR MARIELLE BOTTY – STRATAG’M