Rien qu’à l’idée des fêtes, certains ont la nausée, en ont marre de voir tout ce rififi autour de la fin d’année, des obligations, du marketing… Et pourtant, si on se donne la peine de creuser un peu, juste sous cette couche épaisse de cadeaux, il y a ceux, qui, comme moi, voient en cette période toute la magie qu’elle a à offrir ! Oh je ne vous parle pas d’achats ou de ventes, mais bien d’amour, de partage et de bienveillance. Et si cet hiver, on ouvrait un peu plus son cœur ?
L’histoire que je vais vous raconter n’a rien d’une fiction, mais bien d’une douce réalité qu’il m’est donné de voir depuis plusieurs années…
Orphelin de père et de mère depuis l’âge de 16 ans, le jeune Robert vu en la jolie Jeanne, la possibilité d’être à nouveau aimé et de fonder une famille unie. Cette famille, c’est nombreuse et soudée qu’ils l’avaient imaginée… et ils ne se sont pas trompés ! Cinq enfants naîtront de cette union et grandiront dans le respect d’autrui, le partage, l’entraide… avec une attention particulière sur l’esprit de famille. Évidemment, il y avait quelques chamailleries, mais ni plus ni moins que dans les autres fratries. Croyants et pratiquants, Jeanne et Robert feront de chaque Noël ce moment sacré où l’on met cet esprit de famille à l’honneur, bien conscient d’avoir la chance d’avoir une vraie famille, sa propre famille ! Savourant alors les moments partagés ensemble, ils ont fait de cette fête, une fête d’amour et de bienveillance par excellence. Pas question ici de cadeaux ou de grands festins, mais bien de l’odeur d’une bonne fondue pour rassembler les petites et grandes faims autour du sapin. Avant que la traditionnelle bûche maison ne soit dégustée et qu’ils se rendent à la messe de minuit, tous se remémorent les moments de l’année où ils ont pu dire « merci ». Et pendant que les pétards et feux d’artifices sifflaient dehors, Robert, lui, préparait pour tous un bon vin chaud dont il a le secret. Mmmhh quels délicieux souvenirs…
Oh, l’histoire aurait pu s’arrêter là ou se répéter chaque année, mais les enfants vinrent à se marier, et il fallait bien se partager entre parents et belle-famille. Il était donc tout naturel de se donner rendez-vous une année sur 2. Une année les enfants iraient dans leur belle-famille, et l’autre ils se retrouveraient comme avant.
Les années passent et la famille s’agrandit… assez rapidement je dois dire ! Après tout, lorsque l’on a des enfants issus d’une grande fratrie (1 garçon et 4 filles), la tendance est souvent perpétuée. C’est ainsi que, quand les premiers petits-enfants firent leurs premiers pas, frères et sœurs décidèrent qu’il était temps de prendre le relais et d’initier leur propre famille à cette tradition qui durait déjà depuis des décennies. C’est là que « le GRAND NOËL » a vu le jour, il y a plus de 50 ans !
Si vous vous demandez ce que cette fête pouvait bien avoir de différent des autres, c’est le fait qu’aucun, je dis bien aucun cadeau n’était offert… Non, parce que pour eux, le plus beau cadeau c’était, et c’est encore, de partager cette grande fondue ou ce repas, à la même tablée, dans la joie et la bonne humeur.
D’une tablée, il en faudra vite 2, puis 3, puis 4 et j’en passe ! Continuant de s’agrandir, la famille de Jeanne et Robert compta vite 4 gendres, 1 belle-fille et 14 petits-enfants supplémentaires, soit 26 personnes ! À ses 70 ans, Robert s’en alla et Jeanne porta cette tradition à bout de bras, espérant à chaque instant que ses enfants en feraient autant. Qu’elle se rassure, l’esprit de famille qu’ils ont insufflé à leurs enfants était bien présent, et la tradition perdure encore maintenant.
Les fondues ont cédé leur place aux petits plats réalisés par chacun, tout comme les délicieuses bûches à la crème au beurre de mamy furent remplacées par quelques bûches glacées. Mais au final… rien n’a changé ! Peu importe qu’il vente, qu’il neige ou qu’il y ait des giboulées, la famille se rassemble toujours ou presque dans un moulin, assez grand pour contenir enfants, petits-enfants et nouveaux arrivants…
Depuis la famille a bien grandi ! C’est maintenant au tour des petits-enfants de prendre le relais du GRAND NOËL. On se partage les tâches, l’organisation, la décoration et même les animations ! C’est dire qu’il y a tout un petit monde qui fourmille dans cette famille, car de ces 14 petits-enfants sont nés 33 arrière-petits-enfants ! (je vous l’ai dit, ils ne chôment pas dans cette famille ! )
Pas évident dès lors, de rassembler ce petit monde dans un seul et même endroit : moulin, école, gîte, ferme, château, grange… tout est bon tant que la GRANDE FAMILLE est réunie. Grande car ensemble ils sont 70 depuis le départ de Jeanne…Tous deux amoureux inconditionnels de Noël, le hasard voudra qu’à la veille de cette fête qu’ils aimaient tant, Jeanne aille rejoindre son bel et tendre, doucement. Soudés comme jamais, c’est en rendant hommage à un couple formidable que, tous les 2 ans, chaque membre de cette famille se réunit, riant, jouant, mangeant, chantant… en leur honneur et au nom de cet incroyable esprit de famille qu’on leur a transmis.
Si je tape sur mon clavier ce joli récit, c’est parce que j’ai le plaisir de faire partie de cette immense famille, en contribuant à l’arrivée du « petit dernier » de la lignée ! À vous qui me lisez, je vous souhaite sincèrement de vivre un Noël comme celui-là, celui où la simple présence de la famille est suffisante et où les reproches restent sur le pas de la porte.
En espérant que cette histoire vous rappelle le véritable esprit de Noël et vous donne l’envie de vous rassembler, de rigoler, de partager les anecdotes du passé autour d’une jolie tablée…
Avec un peu d’avance… l’équipe de SMILe Mag et moi-même, vous souhaitons à toutes et à tous, un très joyeux Noël !
Marielle Botty – STRATAG’M
