Vous le voyez arriver à grands pas, ce jour où vous allez troquer le chemin de la crèche contre celui de l’école. «Mon bébé est-il prêt ?», «Comment va-t-il réagir face à ce nouvel environnement ?»… si ces questions légitimes vous angoissent, imaginez ce que votre petit bout peut ressentir à l’approche de cet univers inconnu. Comme pour tout changement dans la vie d’un enfant, la préparation est le meilleur des remèdes pour affronter la nouveauté !
Il n’y a pas de secrets, les enfants ont besoin d’être rassurés. À l’occasion d’une balade en famille, faites un petit tour par sa nouvelle école. Détaillez le chemin pour y arriver (Tu as vu ? Après cette église, on va arriver à ta super école), expliquez-lui que vous l’accompagnerez, montrez-lui la cour de récréation, et, si vous le pouvez, montrez-lui à quoi ressemblera sa classe (lors de son inscription par exemple)… De cette façon il pourra un peu s’imprégner de son futur environnement. Tous ces détails, aussi banals soient-ils, vont permettre de créer un climat de confiance chez votre enfant. Il ne « débarquera » pas dans l’inconnue la plus totale !
À 2 ans et demi, votre petit bout ne vous a pas attendu pour affirmer ses préférences et ses goûts. Parfois, il a même déjà bien planté les contours de son petit caractère (vous voyez de quoi je parle n’est-ce pas ?). C’est pourquoi il est important de le faire participer à un maximum d’étapes : du choix du sac d’école, en passant par la gourde et la boite à tartine. Le laisser choisir (dans la limite du raisonnable bien sûr) lui donnera le sentiment de devenir quelqu’un d’important : « Je suis un grand parce que j’ai pu choisir toutes mes affaires pour rentrer à l’école ! ».
Pour le motiver, entourez la date de la rentrée sur un calendrier et comptez avec lui les jours qui restent avant le premier jour d’école. Vous pouvez également lui lire quelques histoires sur le thème de la rentrée pour le familiariser et lever ses appréhensions. Valorisez le fait qu’il grandit et qu’il entrera bientôt à l’école ! Certes, il ne faut pas lui en parler tous les jours, mais lorsque vous le ferez : positivez ! Expliquez que c’est un lieu où l’on apprend des choses, où l’on rencontre d’autres enfants et où on peut jouer. Rappelez-lui aussi que vous vous êtes passés par là et expliquez-lui ce qui vous plaisait à l’école. C’est motivant et rassurant pour un petit.
Si votre enfant est allé en crèche ou chez une nounou, il a déjà l’habitude de la séparation avec vous. En revanche, s’il s’agit de sa première fois, il faudra bien lui expliquer que vous ne pourrez pas rester avec lui. Pour rassurer votre enfant, posez-lui un cadre le plus clair possible (à quelle heure on se lève, quand doit-on partir pour l’école…). Parlez-lui de la routine matinale pour se préparer (un petit tableau à magnets fonctionne très bien avec les tâches du matin : déjeuner / s’habiller / brosser les dents…) puis décrivez-lui sa journée point par point. Si un enfant de cet âge a besoin d’entendre ces explications, il ne peut pas conscientiser à quoi ressemble une journée, ni même ce que représente sa durée. Du coup, faites le lien avec lui pour qu’il soit rassuré. Laissez-le prendre son doudou ou sa tétine les premiers jours, même s’il faudra probablement les laisser dans le sac ou dans une boite. Il saura que c’est là, pas loin. Ensuite, dites-lui que vous viendrez les rechercher à la fin de l’école tous les deux (doudou et lui), ça lui fera plus sens et il comprendra mieux.
Évidemment que l’école c’est génial, mais tout n’y sera pas rose non plus ! Malheureusement, le temps de le « couver » et de l’épargner le plus possible est terminé. Il va devoir se confronter à la frustration, aux moqueries… et aux règles de savoir-vivre. S’il est très important de positiver pour le motiver, il est tout aussi important de lui expliquer qu’il y a une distinction à faire entre la maison et l’école. L’institutrice, bien qu’elle soit une personne de référence, ne sera pas toujours disponible lorsqu’il en aura besoin. Elle va gérer un grand nombre d’enfants et il faut qu’il comprenne qu’il devra : attendre son tour pour parler, être patient, respecter le règlement, et qu’il y aura des choses non négociables !
Sans insister sur les aspects négatifs de votre propre expérience ou de ce que vous avez déjà entendu par le passé, parlez-lui du fait qu’il va rencontrer d’autres enfants et que parfois, certains enfants d’entre eux n’ont pas un bon comportement et peuvent parfois être « méchant ». La gestion de ses émotions sera un réel atout pour votre enfant lorsqu’il sera dans une situation conflictuelle. C’est votre rôle de parent que de lui apprendre où se situe la frontière entre le bien et le mal et il est tout aussi essentiel de lui apprendre qu’il doit vous parler de tout ce qui le chagrine à l’école. C’est important pour décanter la situation et le préparer à y faire face de la manière la plus déontologique possible. De grâce, face à un conflit, bannissez directement les commentaires désobligeants ou les réponses provocatrices (« Ben, défends-toi et frappe-le aussi alors ! », « Dis-lui que ce n’est qu’un(e) ***** », « Tu vas voir si je l’attrape celui-là… »…). N’oubliez pas que les enfants de cette classe seront amenés à vivre ensemble jusqu’à la 6ème primaire (sauf si l’un déménage entretemps). Inutile donc de créer des conflits déjà si petits !
Inutile de devancer l’apprentissage… votre enfant n’a pas un train à prendre, mais il doit prendre le temps d’apprendre ! Faites confiance aux instituteurs dont c’est le métier. Si on estime qu’il doit savoir compter jusque 3, n’essayez pas d’en faire un mathématicien en lui apprenant les additions en première maternelle. Votre enfant ne doit pas avoir cet esprit de compétition qui va lui mettre une terrible pression et lui renvoyer une mauvaise image de lui en cas d’échec (« je suis trop nul »). Croyez-moi, votre enfant à tout le temps d’apprendre et il y arrivera… forcément, tout comme vous l’avez fait avant lui.
Bon vous le faites probablement déjà, mais il est possible que malgré tout cela, les premiers jours de votre enfant à l’école se passent dans le déchirement et dans les larmes. Prenez sur vous, quittez-le avec un visage rassurant et dites-lui que vous serez là à la sortie. Même si c’est hyper tentant, évitez de vous retourner plusieurs fois pour voir s’il pleure encore ou pas. Cela ne fera qu’amplifier son anxiété.
Et pour terminer, soyons honnêtes : il n’est pas rare qu’un parent s’effondre en rejoignant sa voiture les premiers jours… Si c’est votre cas, ne vous inquiétez pas : votre enfant se remettra plus vite que vous de ses émotions ! Vous n’aurez pas encore mis le contact, qu’il aura sécher ses larmes en découvrant sa classe avec émerveillement. Et puis, vous n’êtes pas et ne serez pas le premier parent à sécher ses larmes sur le chemin du retour ! Courage, il grandit et c’est ça aussi… la beauté de la vie !
Marielle Botty – STRATAG’M